RP - "Rufus, vie et mort d'un avatar"

Chapitre premier – la naissance

Rufus, le fruit du néant, avec pour seule identité un nom pris au hasard. Il naquit projeté dans un monde inconnu comme on tombe d'une falaise. Il n'était alors qu'un nourrisson dans un corps d'homme, vide de toute sensation, le coeur pur encore vierge d'émotions humaines. Son apprentissage vers celui qu'il allait devenir serait une longue route semée d'obstacles...
Il ouvrit les yeux sur un monde qui, aux premiers abords, lui semblait-il paradisiaque. Un parfum de verdure flottait dans l'air et l'eau d'une rivière s'écoulait au loin. Mais l'odeur âcre du sang se mêlait dans l'atmosphère comme pour le narguer d'un sourire narquois.

Rufus n'avait que pour seul guide la voix de sa destinée, lui ouvrant le chemin vers les réponses à ses nombreuses questions et vers l'homme qu'il allait devenir
« Ne te fie pas au parfum des fleurs, lui disait-elle, il est trompeur comme la mort est trompeuse et tu cours à ta perte si tu te laisses emporter dans ses effluves. Ouvre les yeux et je te mènerai sur le droit chemin... »

Il se leva alors, prêt à suivre sa destinée. Un premier sentiment l'envahit alors : la curiosité. Il allait partir à la découverte de ce monde, se rendre compte par lui-même que les apparences peuvent être contradictoires et que derrière le bleu du ciel se trame en réalité un orage grondant prêt à le frapper au moindre faux pas.

Vêtu de haillons, quelques pièces en poche, Rufus s'avançait sur un sentier de terre battue. Au loin, il aperçut déjà les portes de la ville et les allers et venues incessants d'une civilisation lui étant encore étrangère. Quelques guerriers haut perchés sur leur monture, armés jusqu'aux dents lui jetèrent des regards dédaigneux, mais la plupart étaient des âmes errantes comme il l'était lui-même et il passa inaperçu parmi la foule. Plus perdu que jamais, il pénétra dans l'enceinte de la ville pour passer d'un monde de silence au tumulte des marchands et du métal s'entrechoquant...

La peur l'envahit. La peur de l'inconnu et de l'échec. Une sensation qui allait le poursuivre encore longtemps...

« Va, et agis! » lui ordonnait la voix dans sa tête.

Une main dans sa poche, il tâta les quelques pièces d'or de ses doigts et s'avança d'un pas incertain, bousculé par la foule qui s'agglutinait autour des étalages de marchandises sur la place centrale de la ville. Un coup de coude violent le fit chuter et le coeur palpitant, il appris la Colère. Les sourcils froncés de rage, il se releva d'un bond et se fraya un chemin vers le marchand d'armes, n'hésitant pas à bousculer et jouer des coudes à son tour pour y parvenir. Si ce monde lui imposait de devoir rugir pour se faire respecter, autant qu'il commence tout de suite...

Devant lui s'étalait un assortiment de lames courtes et longues, de hâches et de gourdins. Mais le tintement timide des pièces d'or dans sa main lui rappelèrent de se limiter à un achat modeste. Son regard se posa alors sur une lame émoussée dont le cuir de la garde était usé. Mais il n'avait pas le choix, c'était ça ou se battre à mains nues. La deuxième solution ne l'emballait guère.
Il s'empara alors de la lame en échange de tout l'or qu'il possédait et s'éloigna du stand d'armes pour laisser la place aux autres « clients ».

Il alla s'asseoir sur un tronc d'arbre, placé là en guise de banc public face aux écuries, et regarda son « arme » sous tous les angles. Elle ne payait pas de mine mais il faudrait bien s'en contenter, quelques temps du moins. Il releva la tête quand un homme passa devant lui, une bourse pleine d'or entre les mains. Tout sourire, il se dirigeait vers la taverne pour réduire à néant une paye si durement gagnée. Rufus ne quittait pas l'or des yeux. L'Envie. Il avait besoin de s'enrichir, sa destinée le lui répétait sans cesse.
« Tu ne survivras pas une nuit si tu ne t'enrichis pas. L'or abonde dans les foyers, les fermes et dans les poches des personnes faibles. Il ne demande qu'à être pris par la force » lui disait-elle, de la cruauté dans la voix...

L'or...Désormais l'objet de toutes ses convoitises...